Je porte plainte ! 

Roger Ikor

(sujet : les sectes)

Livre de 1981 attrapé à la boîte à livres.

Roger Ikor est né en 1912 et était professeur à Paris mais également journaliste et écrivain.

Il a eu le prix Goncourt en 1955 avec "les Eaux mêlées"(roman qui traite du sujet de l'antisémitisme).

HISTOIRE

Roger Ikor a 5 fils, dont le plus jeune s'est laissé embarqué par le monde des sectes.

Il s'adresse durant tout le livre au président en place, en 1981, Valéry Giscard d'Estaing, et déplore, d'une part, que la majorité ait été passée à 18 ans, âge auquel il pense que peu de jeunes sont assez responsables pour décider eux-mêmes de leur devenir, et, d'autre part, que le pouvoir en place n'agisse pas avec davantage de fermeté face au fléau que représente les sectes, du moins, certaines, car il avoue que la dangerosité de ces dernières doit être jugé au cas par cas (il parle également notamment de Jéhovah et de la secte Moon( ou "Fédération des familles pour la paix mondiale et l'unification").

Son fils de 18 ans, à sa majorité, décide de partir dans l'une d'entre elle, la secte "zen macrobiotique".

Il vit, dit son père, comme un vagabond, mange des céréales, fait de petits boulots, dort comme il peut.

Parfois, il revient 3 ou 4 jours chez eux et il ne peut que constater les dégâts et la perte de poids de ce fils si vigoureux auparavant.

Au bout de trois ans de ce régime, l'enfant devenu un homme n'en a pourtant pas l'aspect.

 Il ne pèse alors même pas 45 kilos pour 1m75.

Il lui semble voir revenir à lui un déporté.

Il tente de repartir sur de bonnes bases mais il semblerait que ce soit trop tard... 

AVIS

Triste témoignage d'un père qui ne peut que constater avec désarroi l'impossibilité dans laquelle il est d'aider son fils par la force, ce dernier étant majeur.

Il déplore cela tout au long du livre.

Il ne s'étend pas trop sur la secte elle même, et peut-être n'a-t-il pas assez d'informations complémentaires à ce sujet ?

Il ne peut que constater que celle-ci a détruit son fils, l'a anéanti, au point qu'il finira par se suicider.

Il incite les jeunes à ne pas partir vers des chimères, un monde où l'on vous promet monts et merveilles, la paix, la joie, d'être heureux sans argent, sans toit, un défi que peu arrivent à relever, mais d'affronter ses peurs et la vie, de se confronter à ses responsabilités. 

Un livre à lire même s'il date, la pensée de l'auteur n'étant pas sans intérêt.

EXTRAITS

P.47 :

"  abandonner l'être humain à dix-huit ans, sans précaution, du jour au lendemain, quand sa cuirasse sociale n'a pas encore commencé à se durcir, c'est commettre un crime."

p. 89 :

" La jeunesse n'échappera pas au dégoût de vivre que si la société l'appelle naturellement à la vie, non si elle lui fournit des trucs et des recettes fabriqués. Or ce qui monte naturellement aujourd'hui du désert de pierres, ce sont les trois tentations sœurs, avec leurs vases d'eau fraîche empoisonnée :

la secte, qui offre l'espoir et le grand dessein,

la drogue, qui offre l'exaltation et la joie,

le suicide, qui offre la paix et l'oubli.

Trois sœurs au même visage de mort sous le fard de bonheur."

p.100

" Quoi de plus indiscutablement malfaisant qu'un régime alimentaire carencé qui détruit l'être ? Mais sur quoi me fonder pour rendre sa malfaisance justiciable de la loi ? Sur les intentions de ses inspirateurs ? Elles se prétendent salutaires. Sur les faits eux-mêmes ? En soi, le végéralisme n'est pas condamnable : on vit fort bien sans manger de viande. M'aventurai - je alors à fixer un nombre minimal de calories , de vitamines, de protéines etc., au dessous duquel un régime alimentaire serait décrété malfaisant ?"